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Le lac Baïkal

Glaces sur le lac Baïkal en janvier 2016. © Sergey Pesterev / Wikimedia Commons / CC BY-SA 4.0

Le plus grand lac du monde, le lac Baïkal, est un lointain contrecoup de la formation de l’Himalaya. Tous les reliefs qui existent actuellement du nord de l’Inde jusqu’au sud de la Sibérie sont dus à cet événement géologique majeur, causé par la collision de la plaque indienne avec celle de l’Eurasie. La première s’enfonce comme un poinçon dans la seconde. Cela provoque des plissements et des failles jusqu’en Sibérie, et même un peu de volcanisme. Le lac Baïkal est une zone de rift, exactement comme le célèbre rift de l’Afrique de l’Est, où la croûte continentale est étirée. Si l’on veut utiliser le langage des géologues, on dit plutôt qu’elle est distendue. Des formes normales apparaissent. Elles sont indiquées sur la carte par des traits barbulés en rouge. Ces failles vont souvent par paires et elles encadrent des zones où la croûte a été amincie. L’un de ces fossés est le lac lui-même, dont la longueur atteint 636 km. On voit très nettement qu’il est délimité par des failles. Mais il existe d’autres fossés, au nord-est, qui n’ont pas été remplis par de l’eau. L’ensemble a une longueur de 2500 km. Il n’est pas disposé au hasard. La croûte s’est fracturée à la frontière entre la plate-forme sibérienne (Siberian craton), qui s’étend du nord-ouest, et le bloc Sayan-Baïkal (Sayan-Baikal fold belt), situé au sud-est.

Carole Petit & Jacques Déverchère, Structure and evolution of the Baikal rift: A synthesis, Geochem. Geophys. Geosyst.,Volume 7, Number 11, 21 November 2006.

Comment reconstituer l’histoire du rift ? Pour cela, on regarde les sédiments qui se sont déposés au fond du lac. Leur arrivée a débuté durant l’Oligocène, il y a 34 millions d’années. C’est donc à cette époque que la croûte a commencé à se fracturer. Il s’agissait de sédiments à grains fins, allant des sables aux argiles. Cela prouve que le fossé était entouré de faibles reliefs, sur lesquels l’eau s’écoulait lentement. De plus, ces dépôts débordaient des limites actuelles du lac, qui était donc plus vaste que maintenant. Leur épaisseur varie de 2000 à 4000 mètres, ce qui implique une subsidence (enfoncement de la croûte dans le manteau, en même temps qu’elle s’amincit). Durant le Pliocène supérieur, il y a 3 millions d’années, une nouvelle phase de distension se produit. Les sédiments, strictement limités au fossé, sont plus grossiers. Ils comprennent des galets transportés par des torrents et ils s’accumulent dans les bordures actuelles du lac. Celui-ci était donc entouré de reliefs prononcés. Actuellement, l’altitude de ces montagnes va de 1000 à 3000 mètres, tandis que la profondeur du lac atteint 1642 mètres.

Il n’y a pas de volcan actif autour du rift, mais il y en a eu. Ils ont laissé des laves basaltiques qui ne sont pas indiquées sur cette carte. Elles se trouvent du côté de Tunga b. et à l’est de Barguzin b., si bien que leur disposition est dissymétrique. C’est souvent ainsi que les rifts sont faits. Les failles étant toujours actives, le lac Baïkal est une zone sismique. Le dernier tremblement de terre dont j’ai connaissance a eu lieu le 18 janvier 2015. Il était de magnitude de 5 et s’est produit au nord-ouest du lac.

Il existe d’autres rifts, mais celui du lac Baïkal à la particularité de se situer au cœur d’un vaste continent. Il a donc été rempli par de l’eau douce. Actuellement, il reçoit l’apport de 336 cours d’eau. Par ailleurs, la croûte continentale de la plate-forme sibérienne, au sud de laquelle il se trouve, a entre 45 et 50 km d’épaisseur. Généralement, l’épaisseur de la croûte varie entre 20 et 30 km.

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